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Claire Laffut

La « Vérité » sort de la bouche des enfants et de Claire Laffut. Si elle ment, elle va en
enfer. Ses paroles de chansons sont comme des cailloux blancs qu’elle sème sur son
chemin pour ne pas se perdre. « Mojo », « Vérité », « Avis de Tempête », « Mama »...
autant de talismans précieux. Elles ont la beauté pure et opaque des grains de quartz
polis par la mer. Comme des phrases qui auraient longtemps tourné dans sa tête
avant d’émerger, d’un coup, au grand jour. Sa voix enfantine, où se mêlent douceur et
aspérités, ajoute au charme.


Rien de calculé, formaté, calibré, dans sa démarche. Juste un mystérieux élan artistique
qui pousse depuis le début cette jeune fille de 23 ans, originaire d’un petit village du
Brabant Wallon, en Belgique, à s’exprimer. Déjà, ses tatouages éphémères – véritables
bijoux de peau plébiscités par See By Chloé, Alexander Wang ou H&M – dessinés
avec une finesse extrême et un imaginaire foisonnant, avaient levé une partie du voile.
Tout comme les grandes toiles colorées, inspirées par Miró ou Richard Texier, qu’elle
peint aujourd’hui. C’est l’art, l’histoire, la poésie, sa propre recherche personnelle,
qui lui donnent l’envie de créer. Pas un quelconque besoin de célébrité ou de briller
socialement. Claire Laffut, chante t-elle encore dans « Vérité », n’a pas le temps de se
laisser envahir « par tous les faux sourires ». D’ailleurs, son regard et son sourire à elle
disent vrai. Elle est Claire et sibylline à la fois.


Affûtée, groovy, surprenante, moderne et immédiatement attachante, sa musique se

nourrit d’empreintes émotionnelles, d’accidents heureux, de télescopages d’idées, de
sons, de souvenirs. Fruit d’une collaboration étroite avec Tristan Salvati, producteur et
multi-instrumentiste, elle a la clarté de la pop tout en s’aventurant sur le terrain de la
soul, du jazz, du reggae, de la bossa nova. Même si c’est le hasard des rencontres qui
a mené Claire Laffut au chant et à la musique – mais dans son cas, le hasard n’existe
pas – la jeune fille, grande fan de Sade, King Krule, Frank Ocean, Lauryn Hill ou Amy
Winehouse, n’a pas peur de tester des choses, de prendre des risques. Aventureuse
aussi dans les sentiments, elle en profite pour mettre au clair son histoire. Tenter de
comprendre ce qui l’a menée, à dix-neuf ans, à quitter son premier amour d’adolescence
pour s’installer, toute seule, à Paris. « Je me suis retrouvée avec ma valise dans un

autobus parisien, le cœur battant à mille à l’heure », confie t-elle. S’adresser à sa demi-
sœur, ado tourmentée, pour l’aider à se remettre dans le droit chemin (et y parvenir).

Essayer de cerner la passion qui a uni son père, fou de brocante et mélomane, à
sa mère, puis les a brutalement séparés. Explorer, encore et encore, le sentiment
amoureux. « Lorsqu’on aime vraiment quelqu’un, c’est qu’on est arrivé à partager la
vérité de l’autre », dit-elle simplement.


Avec ce premier album, c’est la vérité de Claire Laffut que l’on partage.


Et c’est beau et troublant.